Tout contribue aujourd’hui à une accélération de l’histoire: découvertes, pensées, informations brutes sont relayées en temps réel dans toutes les langues et le monde entier. Une innovation tombe dans le domaine public dans l’année. Alors, difficile de conserver un avantage concurrentiel bien longtemps, si ce n’est à en renouveler constamment les contours. Ce mouvement de veille 24/7 ne résulte pas seulement des révolutions successives dans les moyens de communication et de télécommunication, mais également de cette guerre ouverte qu’est le commerce mondial et de l’empire/l’emprise de la finance internationale – au détriment du travail et de la création de valeur locale. Ce monde dont nous sommes responsables, mi-sensible, mi-immatériel et d’une complexité grandissante génère plus de problèmes que de solutions. Comme dans un mauvais rêve, le réel semble parfois nous échapper : réchauffement climatique, crises sanitaires, flux migratoires, démographies galopantes, terrorisme/banditisme international .., ne trouvent pas de solutions durables concertées.

Ainsi, en plus des équations nationales aux paramètres connus, sommes-nous confrontés à des perturbations plus fréquentes et parfois très graves auxquelles nous sommes peu préparés – cycles ou logiques de ces problématiques étant moins prévisibles puisque relativement nouveaux. D’où l’intérêt pour l’entreprise de se remettre en cause à l’aune d’une cartographie risques renouvelée, plus large et complète et à imaginer son propre dispositif de gestion de crise L’intégration de ces outils dans ses pratiques courantes la préparera efficacement à anticiper et résister à des chocs soudains et sérieux.

C’est ce type d’initiatives que mettent en œuvre les acteurs fortement structurés impliqués sur des marchés aux évolutions atypiques, souvent sismiques, comme le sont de nombreux pays d’Afrique. La mise à jour périodique de la calibration des risques et de la distribution des rôles pour la gestion du plan de crise s’étendant d’ailleurs de sévères retournements de conjoncture aux périodes de croissance forte et ou prolongée.

A l’instar de pratiques militaires, planification détaillée, sens du danger, discipline dans l’exécution et capacité à passer au Plan B dans le feu de l’action, deviennent des facultés indispensables à une gestion de crise efficace. Une forme de conduite du changement menée au pas de charge.

Contrairement à une idée répandue, la gestion des affaires en Afrique exige grande rigueur et multiples compétences, ainsi que des comportements managériaux modernes et exemplaires. Les groupes historiques installés sur le continent y ont développé comme une seconde nature une batterie de process et de réflexes pour une gestion de crise permanente. De quoi s’en inspirer, là-bas comme ici, pour faire face aux aléas de plus en plus brutaux d’un monde en ébullition.