DEBOUT!
« Tant que les lions n’auront pas leurs historiens, les histoires de chasse ne conteront que la gloire du chasseur ». (Proverbe africain)
Un énième baromètre rend compte de l’optimisme de nombreux investisseurs publics & internationaux à l’horizon 2030, confiants dans la mise en œuvre du tremplin ZLECAf (Zone de Libre Echange Continentale Africaine), mais freinés dans leurs élans par la mauvaise gouvernance, l’instabilité politique et l’insécurité. Néanmoins, ce même baromètre montrait plus d’optimisme en 2015 !
On y place les meilleures opportunités d’investissement au Rwanda, Nigeria, en Ethiopie, priorisant infrastructures, agriculture et nouvelles technologies. «S’ils sont correctement éduqués, encadrés et si nous leur fournissons un cadre de vie digne et respectueux, ils (les talents de la nouvelle génération) seront notre locomotive. Dans le cas contraire, ils pourraient représenter une menace à l’équilibre du système». Quelle marque de confiance !! Et pourtant, à suivre les mêmes rails, l’Afrique on le constate souvent … déraille.
Asservies et aculturées par les empires coloniaux depuis 1885, déviées des trajectoires premières de leurs Indépendances par les impérialismes de la finance et puis enfin sommées par les hérauts de la «démocratie à l’occidentale» d’appliquer leurs modèles venus d’ailleurs, les nations africaines semblent toujours empêchées d’affirmer leur génie propre. On ne jure plus que par des élections libres, démocratiques et inclusives, sinon gare au boycott. Cependant, nul n’ignore les approximations graves qui altéreront la validité de ce type de consultations, sans compter le plus souvent un manque naturel d’ancrage, d’historique et de maturité des partis politiques – illustré par l’impasse des «révolutions» de cette dernière décennie. Et puis, quel modèle prétend-on être quand 40% des citoyens d’un pays européen renoncent à leurs droits en s’abstenant de voter lors d’une échéance majeure : la démocratie n’est-elle pas là en échec, donc en danger ? Quid de la légitimité des élus, du débat et de la contradiction, de la remise en cause pacifique du système utile à son évolution ? le politiquement correct médiatique tente alors d’imposer la parole unique pour empiéter sur l’intelligence collective et l’esprit critique de chaque citoyen. Démocratie du silence ?!
Les groupes économiques et sociaux des pays africains sont-ils aujourd’hui assez importants, puissants et homogènes pour permettre une prise de conscience d’intérêts communs traduisibles en revendications politiques ? Le fait est que la répartition du PIB entre secteurs économiques masque une réalité incontournable, le nombre n’est pas employé là où est la richesse, mais dans l’informel (agriculture d’autosuffisance, petit commerce & artisanat), lequel demeure l’expression criante de l’exclusion. Je vois donc la nécessité de prioriser le développement massif des TPE et PME locales et leur intégration financière et économique graduelle dans une grande boucle nationale créatrice de valeur : la génération de richesses serait largement supérieure et leur distribution/redistribution de nature à vaincre les pauvretés – sécuritaire, alimentaire, sanitaire, énergétique, éducationnelle … La meilleure garantie d’environnements plus stables et propices aux affaires.
Enfin, pourquoi par définition – avant qu’il ne dise ou ne pose quelque acte que ce soit - un militaire ne serait pas qualifié ou légitime à exprimer une aspiration collective et à diriger un pays ? Que l’on me pardonne de citer l’exemple de ce grand soldat français qui en Juin 1940 fut mis au ban de la République car il appelait à continuer le combat mais sut rassembler sous le chapeau de la France Libre les forces vives du pays en résistance, pour de son plein gré sortir du jeu en 1946. Combien de leaders africains ont troqué leur tenue léopard pour donner le change dans un costume civil, mais s’accrochent au pouvoir : de bons élèves paraît-il, mais jusqu’à quand ? Pourtant à leurs actes, ils semblent plutôt des hommes de pouvoir que des démocrates avérés.
Contrairement aux nations indiennes d’Amérique, les nations africaines sont libres des réserves coloniales, mais elles doivent encore éviter de nouveaux enfermements idéologiques ou financiers et imaginer des schémas d’indépendance économique (l’ «Emergence») différents, plus natifs, s’inspirant de leur culture et conscients de leurs propres limites, tout en recherchant dans la coopération internationale et la ZLECAf l’accroissement d’échanges mutuellement avantageux, plutôt que de favoriser la seule expansion des gros poissons.
«Mon nom est personne», c’est encore le nom de cette Afrique encore virtuelle, muette, entre parenthèses des enjeux globaux (2% du commerce mondial) : d’autres parlent d’elle et pour elle. Mais j’entends dans chaque pays, du nord au sud chaque africain affirmer sa fierté nationale et sa dignité. Je vois des «petites» nations porter leur ambition au plus haut, comme lors de cette CAN 2022 : premier résultat d’un travail de fonds, d’un travail d’équipe (joueurs de l’étranger et talents purement locaux, professionnels et joueurs amateurs) et d’un travail de coach. Je crois ainsi que chaque pays est capable de grandes performances et d’étonner le monde, d’effectuer sa révolution tranquille, programmée, dans l’ordre et le consensus même si celui-ci ne sort pas des urnes, grâce à la prise d’initiative, l’innovation et la responsabilité. Gouvernements occidentaux et grandes entreprises font souvent appel aux militaires pour de telles aptitudes cruciales en matière de gestion de crise : pas étonnant donc qu’on les retrouve parfois sur le devant de la scène … quand au-dessus d’eux les ordres font désordre.
Janvier 2022 - Partager l'article
SERIOJA Africa Consulting
« Savoir faire la différence »
Serge GURVIL - ConseilSIRET 828 472 258 00015
APE 7022Z
TVA: FR45 828472258
30 Chemin de Champ-Romery – 78720 Dampierre en Yvelines (France)
sgseriojag@gmail.com - gurvils@yahoo.fr
(33) 6 43 00 53 33